AMERIQUE
" Ce qui meut le monde est l'interaction des différences, leurs attirances et leurs répulsions. La vie est pluralité, la mort est uniformité. En supprimant les différences et les particularismes, en éliminant des civilisations et des cultures, le progrès affaiblit la vie et favorise la mort, nous appauvrit et nous mutile. Toute conception du monde qui s'éteint, toute culture qui disparaît diminue une possibilité de vie."
Octavio PAZ
AMERIQUE " le souvenir de la terre " L'Eau
Voici mon frère,
Il est rouge comme le souvenir
Qui coule dans ses veines et sur la terre.
Il n'a d'autre avenir
Que de nous apprendre à rester noble et fier.
Voici mon frère aux ailes de Lumière.
Il vient en messager de la Pipe Sacrée,
Traversant la nuit, les mers et les champs de pierres
Pour nous montrer comment la vie se crée
A la seule rencontre d'une prière.
L'ours et son petit se pressent
Pour participer à la cérémonie
Afin de tenir leur promesse :
Combattre toute forme d'Hégémonie.
Voici mon frère, je le reconnais dans sa souffrance
Car nous partageons tous le même air
Quelque soient nos limites et nos errances.
Alors, jamais plus nous ne serons amers.
Bruno ALTMAYER Février 2000
EUROPE
"Il faut relever l'esprit de l'Homme, le tourner vers la conscience, le juste, le beau et le vrai, le désintéressé et le grand."
Voici mon frère,
Il est pâle comme la mort notre soeur
Qui rôde sur la terre entière.
Vigilant et armé comme le chasseur
De Dragon, il veille sur les lumières.
Voici mon frère aux ailes de passeur.
Il nous montre dans le ciel, notre Grand Père,
La couleur des Etoiles afin de préserver la fraîcheur
De notre Âme qui se perd
A l'aune de son habit de pêcheur.
L'aigle qui toujours surveille,
Fond sur le guerrier blessé
Et ne doit se sentir délaissé.
Voici mon frère, je le reconnais dans sa différence
Car nous avons le même espoir,
Partageant les mêmes souffrances...
Et bientôt nous n'aurons plus peur du noir !
Bruno ALTMAYER février 2000
"O bénis ce peuple qui rompt ses liens et avec tous les peuples d'Asie, tous les peuples d'Afrique et tous les peuples d'Amérique qui suent sang et souffrances.
Et au milieu de ces millions de vagues, vois les têtes houleuses de mon peuple. Et donne à leurs mains chaudes qu'elles enlacent la terre d'une ceinture de mains fraternelles sous l'Arc-en-Ciel de Ta Paix ."
Léopold SENGHOR
Voici mon Frère.
Il est comme la nuit qui tombe
Sur le volcan, notre Grand père.
Les deux gardiens veillent sur la tombe
A l'ombre du grand arbre, près du Dieu Tonnerre.
Voici mon frère aux ailes de colombe.
Il apporte la Paix sur la Terre,
L'équilibre dans le Monde,
Le silence pour faire se taire
La bête immonde.
Les éléphants témoignent de leurs dents blanches.
Ils ont souffert de la concupiscence,
De la haine, des désirs en avalanche
De l'homme et de sa toute puissance.
Voici mon frère, je le reconnais dans sa différence
Car ce dont j'ai besoin, il me l'apporte,
Sans interférence,
Afin que de mon coeur, j'ouvre la porte.
Bruno ALTMAYER Février 2000
Perméable aux souvenirs d’un monde révolu,
Il les stocke comme autant de gouttelettes d’eau ;
Réservoir, puit à notre mémoire dévolu,
Pour celui qui a soif d’images, cadeau !
Des images, non des apparitions qu’il draine
De ses racines à sa ramure, contre l’oubli.
Manifestant ainsi pour la Nature sa Reine,
Son désir d’être par ce beau mariage anobli.
Mariage éternel, à la vie indispensable,
Mais aussi symbole universel, dispendieux,
Riche de tout ce temps, de tous ces grains de sables,
De poussières ou de cendre qui nous rappellent en Dieu.
Cendre destinée inéluctable de toute chose
Car son parcours qui s’enfuit vers les profondeurs
Comme toutes les feuilles mortes sur la terre se posent
Illustre le cercle du Yin et Yang avec ardeur.
Sur sa poche, son ventre ce symbole devient un mat.
Quand gourous et autres chimères dressent leur savoir
Au rang de Vérité absolue, du Karma…
Ne pas s’attarder, fuir, chercher le Réservoir.
Là se tiennent les douze Piliers de la Liberté :
Autodétermination, Joie, Amour, Grandeur,
Humilité, Rire, Tolérance, Honnêteté,
Discipline, Force, Courage, oui mais aussi Candeur.
Bruno Altmayer St Julien les Metz le 21 Septembre 2001
( Baobab d’Australie )
Alors dans un baiser total, ils s’unissent
Mariant le Ciel et la Terre, le Temps et l’Espace.
Ramures et Racines veillent à ce qu’elles ne jaunissent
Les feuilles du Destin devant cet oiseau qui passe.
Il porte sur la tête le signe de la Mort
Qui s’enroule comme autant de tombes grises et noires.
Menhirs ou sexes dressés sans aucun remord,
Ils témoignent de l’utopique entonnoir.
Ce rêve d’éternité que fait le baobab
Tel l’Homme, telle la Femme reliés à leur cordon
N’est qu’un leurre de pauvre erre, de riche nabab,
Nombrils du Monde, incapables du moindre pardon.
Le baiser du destin n’est pas inéluctable.
Il requiert tout au moins un peu de sagesse.
A celui qui retient cet adage redoutable :
« Meurs et deviens » recevra de la nuit toutes les largesses.
Comme l’espoir ici-bas d’une seconde Naissance,
Non plus sous le manteau du mendiant de l’Amour
Lui viendra dans sa tête son cœur, son ventre l’essence,
L’essence même d’une qualité que l’on nomme Humour.
C’est cela savoir se pardonner de n’être
Q’une simple feuille perdue dans l’immense ramure ;
Rire de ses rêves, de si peu se connaître ;
Bruno Altmayer St Julien les Metz le 21 Septembre 2001
( Cèdre du Liban )
Ils viennent de reconstruire ici leur claire demeure,
Juste derrière le Cèdre en haut de la colline,
Après tout ce temps, avant que tous les rêves ne meurent
Ou ne deviennent la supplique de la belle orpheline.
Les racines prennent vie, privant Eve de la pomme,
Faisant jaillir l’épée de son fourreau de pierre.
Quant à celui qui éclaire les ténèbres en l’homme,
Point de superstition, seulement une prière :
Protèges de la corruption nos âmes fragiles.
Puissent les poutres de notre maison sceller les murs
De l’incompréhension, de ces maux si agiles.
Garde nous de la discorde, de ses fruits non mûrs
Ainsi que nous l’apprend le saint évangile…
Deux apparitions nous guettent ; notre simple reflet.
Juste devant le Cèdre, à côté du chemin
L’image de la gourmandise, exact camouflet
Ou celle de la concentration sur parchemin.
Deux alternatives, deux plans ;
Devant et derrière, l’illusion, la réalité objective…
Choisir sa route, sa maison, choisir son linceul
Droite, étayée, blanc dans une vie inventive…
C’était écrit, A nouveau ils se tiennent la main,
Ensemble ils marchent, rentrant chez eux derrière le Cèdre.
Ils n’ont plus peur des tentations du lendemain ;
Comme l’Incorruptible, ils demeurent intègres.
Bruno Altmayer St Julien les Metz le 21 Septembre 2001
Devant le chaos, là même où tout se confond :
La chute qui emporte tout et le décompose
Ou l’envol ressuscitant l’espoir des bas-fonds.
Dans nos mémoires s’entremêlent les Mondes Primordiaux ;
Minéral, végétal, animal se rejoignent
Pour créer des appels lumineux et cordiaux
Qui, en amont du véritable amour , témoignent.
Minéral comme le cœur de l’homme battant chamade
Emporté à l’instar des pierres qui se détachent
Vers le gouffre des pensées aux nombreuses brimades.
Ne plus se sentir coupable est une lourde tâche.
Végétal comme le corps de l’homme, enraciné
Dans les méandres de son inconscient collectif
Où inondé d’images, il se rêve halluciné ;
Être libre de ses désirs est l’objectif.
Animal comme l’esprit de l’homme sauvage mais fourbe
Toujours prompt à s’émouvoir de ses brèves victoires
Pour enfin échapper à l’emprise de la tourbe…
S’élever vers le ciel n’est pas ostentatoire.
Oui pour nous humains, deux perspectives qui s’imposent,
S’enfoncer de plus en plus dans la pure matière
Ou prendre son envol de ce banc qui repose
Dans les eaux troubles des sentiments et peines altières.
Bruno Altmayer St Julien les Metz le 2 Novembre 2001