La chronique n° 31 de Sœur Nicole
(Texte que vous pouvez aussi trouver, ainsi que les précédentes chroniques, sur http://www.schtroumpf-emergent.com/blog/ )
Quand l’union art contemporain et évasion fiscale est bénie par l’archevêque
Michel Blazy est, comme Daniel Buren , « un artiste français à renommée internationale ». Sa spécialité à lui, ce sont des sculptures faites à partir des petites choses de la maison, qui n’inspirent d’ordinaire que le mépris ou l’indifférence dévolue aux objets du quotidien : purée de carotte, graines de lentilles, colorants alimentaires, cacahuètes, boudin, danette, farine, ketchup, lentilles, mousse à raser, peau d’oranges, pomme de terre, croquettes pour chien et chat ,etc.. Ces menues choses constituent donc, pour cet athlète de l’art de haut niveau, le support de puissantes investigations plastiques et philosophiques. Les œuvres deviennent alors « des métaphores de la fragilité, du temps qui passe et de la brièveté de la vie ». Elles sont propulseuses d’une intense réflexion d’ordre métaphysique…
D’où l’invitation qui lui a été faited’exposer en ce haut - lieu de quête spirituelle qu’est le Collège des Bernardins, à Paris. Il y montre donc actuellement, non pas son fameux mur en purée de carotte, ( ni son rhomboèdre de pommes de terre pourries qu’il avait proposé à côté du célèbre tas de charbon de Bernar Venet et du non moins célèbre pot de compote de mouches de Damien Hirst, à la Biennale de Sao Paulo), mais une installation intitulée « Bouquet Final » ( voir photo jointe) qui est réalisée à partir de mousse de produit vaisselle débordant de bacs d'eau bénite,dans lesquels des tuyaux soufflent de l’air. Cette oeuvre puissamment allégorique, « évoque le futur possible de la planète si nous ne prenons garde à notre environnement ; décroissance et surconsommation sont au cœur des préoccupations de l’artiste. » dit le com de presse.
« C'est la pièce la plus importante que j'ai faite en mousse de savon. Ça fait une dizaine d'années que j'utilise ce matériau, mais c'est la première fois que je dépasse véritablement l'échelle humaine. Je suis parti de la sensation que l'on peut avoir dans les lieux de culte, où le corps est complètement dépassé par l'architecture, et où l’ on est dans une attitude de respect (…) J'espére que le côté mystique du lieu charge la pièce, grâce à cette matière mystérieuse qu’est la mousse », a déclaré l’artiste au cours de l’un des séminaires mensuels « Paroles d’art »
organisés au Collège, où l’on a pu déjà entendre les conférences de Claude Rutault sur le vertige métaphysique provoqué par ses « tableaux peints de la couleur des murs où ils sont accrochés », et de Buren sur verticalité transcendantale de ses bandes …Et autres déclinaisons du concept « crème fouettée sur fond de néant. » inventé il y a quelques décennies déjà par le prophète Marcel Duchamp, et qui a provoqué chez les bigots de l’art contemporain d’innombrables cas d’epectase avérée, conjopintement reconnus par le Saint Siège et le Ministère de la Culture.
Car selon le Cardinal André Vingt-Trois, Archevêque de Paris, l’ enjeu du Collège des Bernardins est « d'offrir un lieu du dialogue intellectuel et spirituel sans lequel les grands tournants de l'histoire ne peuvent se prendre dans la sérénité » . D’où cette ouverture à l’art contemporain à travers un « département de recherche qui vise à interroger les rapports profonds entre l’expression artistique et l’expression de la foi ».
« Parce que l’art présente cette caractéristique unique d’être un langage sensible. La foi, de même, ne consiste pas dans des idées mais dans du témoignage vécu qui touche l’intégralité de la personne. Regarder l’art, écouter les artistes ouvre une perspective inédite de compréhension de l’homme et du monde et, par là, de la foi. » nous dit Bernard Marcadé, directeur de ce Département, philosophe free lance (accessoirement critique d’art) et qui a succédé pour cette fonction, à Jean de Loisy nommé à la direction du Palais de Tokyo, autre lieu de bouillonnante symbiose entre art contemporain et spiritualité …( et accessoirement avec la spéculation artistico-financière internationale).
Mais ce qui me semble le plus intéressant dans cette nouvelle forme de Sainte Alliance de l’Art et du Goupillon, c’est la possibilité qu’ont les personnes extrêmement riches assujetties à l’ISF de bénéficier d’une réduction de leur impôt sur la fortune en effectuant un don à la Fondation des Bernardins, pour la promotion de l’art contemporain.
Cette réduction, nous précise-t-on, s’élève à 75% de la somme donnée à la fondation, dans la limite de 50 000 €. Et l’ on nous précise aussi que , « pour bénéficier de la réduction d’impôt, il faut faire son don avant le 31 mai si votre patrimoine est compris entre 1,3 et 3 millions d'€, et avant le 15 juin si le patrimoine est supérieur à 3 millions d'€ »
Enfin, dernière indication, mais non des moindres, qui nous est donnée : « En faisant un don à la Fondation des Bernardins, vous contribuez à faire émerger une réflexion de fond sur la question cruciale du devenir de l’homme, dans la société contemporaine. » … d’où, cette fontaine de bulles de savon dont l’evanescence est là pour nous questionner sur la légèreté de l’être et les vanités du monde.
Ainsi les milliardaires collectionneurs d’art contemporain de ce vain monde, sont-ils, en participant à cette grande cause artistico-humanitaire, non seulement absouts de toutes les vilénies qui leur ont permis de gagner autant d’argent sur le dos des masses laborieuses, mais également défiscalisés avec la bénédiction des plus hautes autorités religieuses de France, et l'assurance de leur entrée au Paradis comme au bon temps des "simonies".
J’ai beau être convaincue du caractère sacré de l’art, je dois vous avouer, chers lecteurs de mes chroniques, que le taux de crétinerie moyenâgeuse de ces embrouilles clérico-fiscalo-culturelles me donne envie de devenir bonne-sœur ouvrière, ou de faire le djihad …
Difficile en effet d’admettre ces privilèges fiscaux accordés aux grosses fortunes et aux entreprises, quand, dans le même temps il s’avère impossible de faire étudier par le gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche (1), ce que produirait une modeste défiscalisation pour les particuliers acheteurs d’œuvres d’artistes vivants .
Cette vertueuse niche fiscale boosterait pourtant le marché de l’art de proximité, améliorerait immédiatement la vie des artistes et des galeries prospectives, réparerait les dégâts en terme de paupérisation des artistes, de 30 ans d’incurie ministérielle, et au bout du compte, serait fiscalement bénéfique pour le Trésor Public. D’autant que par ailleurs, l’on pourrait faire l’économie de toutes ces petites galeries associatives bidon, subventionnées pour la promotion de l’art officiel et/ou spéculatif, qui coûtent très cher aux municipalités et collectivités locales, alors qu’elles n’ont, de fait, aucun sens, aucune vergogne, ni aucun public.
1- A propos de non-changement, pour ce qui est de la burenolâtrie d’Etat, je vous place en pièce jointe le scan d’un article de mon excellente consoeur Amélie Pékin paru dans le magazine Artension de cet été, et que m’a envoyé un lecteur.
Comment l’art « contemporain » a pollué les édifices religieux en France
Il faut lire absolument le nouveau livre de Aude de Kerros ( Editions Jean-Cyrille Godefroy ) : Sacré Art Contemporain - Evèques, Inspecteurs et Commissaires
http://www.decitre.fr/livres/sacre-art-contemporain-9782865532339.html
On y apprend comment l’artiste conceptuel Claude Rutault a repeint les tableaux religieux d’une église de campagne de la même couleur que les murs, à recouvert toutes les sculptures d’un drap blanc, à supprimé les vitraux pour qu’on puisse mieux voir le paysage, a insulté les paroissiens pleurant de rage impuissante devant les dégâts.
.On y apprend comment le présumé innocent Monseigneur Di Falco, sous l’injonction de son ami collectionneur François Pinault, a exposé en sa cathédrale une œuvre immonde d’un copain de Damien Hirst en mal de reconnaissance, comment le scandale que cela a déclenché a propulsé la dite œuvre sur le marché du financial art international et lui a conféré une cote faramineuse…et comment au bout du compte François Pinault a empoché la plus –value obtenue par cette opération exemplaire de « mise en visibilité ».
Ce livre est une analyse de fond et parfaitement implacable du fonctionnement d’un système. Il s’appuie sur la description de faits irréfutables. Il est un paquet de dynamite fixé sur l’appareil en place, et la question est maintenant de savoir si et comment celui-ci va pouvoir le circonvenir le neutraliser et l’enkyster.
Il va circuler « souterrainement » bien sûr, et il est probable qu’il sera l’objet d’une omerta absolue de la part des critiques, chroniqueurs et commentateurs d’art.
Allez sur internet !
Vous pouvez retrouver ces chroniques et suivre les tribulations du schtroumpf émergent sur la scène artistique internationale en allant sur le site : www.schtroumpf-emergent.com
(Cette chronique est envoyée régulièrement à 13 000 journalistes , diffuseurs d’art , artistes et décideurs institutionnels en France.)
Sous le pseudo de Nicole Esterolle, somebody écrit des choses sur les créateurs désireux de séduire les gogos, si possible bien friqués... Son premier papier, celui qui l'a fait connaître, s'intitulait "les schtroumfs émergents". Je ne résiste pas au plaisir de le reproduire ci-dessous, mais vous pouvez suivre l'actualité de NE sur son propre site :
http://www.schtroumpf-emergent.com/
Et, à la suite de l'article, une vidéo à saliver des Inconnus, sur le même thème!
Caractéristiques du schtroumpf émergent Formatés en Ecole des Beaux-Arts pour la plupart, les schtroumpfs émergents sont des sortes de petites mécaniques de pure conceptualité, décébrées et désensibilisées, porteuses hyper performatives de la parole du prophète. Ils sont tous programmés pour interpeller, interroger, provoquer la réflexion en tous lieux, à partir de tout et de n’importe quoi…Des sortes de petites têtes chercheuses, genre têtards libérés comme ça, sans aucun contrôle, dans la nature, à la recherche de leur contenu disparu et du sens de leur vie. Petites mécaniques masturbatoires d’intellect dont les piles doivent sans cesse être rechargées avec l’argent public. Le schtroumpf est dans un perpétuel état de questionnement eschatologique, onanistique et frénétique. Il «convoque», «interpelle», «interroge», «subvertit» tout ce qu’on peut imaginer: l’espace d’exposition, l’espace public, l’espace tout court, l’institution, l’histoire de l’art, la critique d’art, la peinture, les codes de la représentation, le ready made, la poêle à frire, la notion de déplacement, ce qui se passe entre visibilité et opacité, le pourquoi quelque chose plutôt que rien, la dimension métaphysique du cassoulet, le centre, la lisière, le plein, le vide, l’absence… Le rapport au temps qui passe, à l’espace, au cosmos, au langage et à la communication, à l’art sur l’art, au corps social, aux cors aux pieds, à l’urbanité et aux ploucs, au politique, au religieux, à l’architectural, à l’iconographie contemporaine, etc, etc…. Une sorte de kamikaze décérébré Le Schtroumpf émergeant ne sait pas dessiner ni peindre. Il bricole tout juste. Il est parfaitement inculte en histoire de
l’art, hors celle qui concerne ses référents. Il est puissamment armé en arguments rhétoriques d’une extrême sophistication, qu’il peut répéter mécaniquement ; et qui lui
http://www.youtube.com/watch?v=G0WoW7hbOWA&feature=related
Les Inconnus, still alive, restent les meilleurs!
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Olivier Mosset, Prophète de la schtroumpfitude L’ image ci-contre vient d’une vidéo placée sur le site du Musée d’art Contemporain de Lyon, où Mosset a une expo jusqu’au 31 décembre 2010. A l’instant de cet arrêt sur image l’artiste nous parle des caissons qui sont derrière lui et voici ce qu’il en dit : « Un mur existe comme une peinture, mais s’il peut se déplacer, il fonctionne alors comme une sculpture et c’est cela le principe de cette installation. Mais un des problèmes ici, c’est l’idée de « display », c’est à dire la manière dont on dispose les choses. En effet, le pilier de soutien de l’immeuble que vous voyez plus loin, c’est quelque chose que l’on peut regarder comme un élément artistique. L’installation est donc aussi une manière de désacraliser l’oeuvre d’art en proposant équivalence entre elle et ce pilier qui n’est pas une oeuvre d’art ».(vous pouvez vérifier la réalité de ces propos en allant sur le site du MAC Lyon). Ainsi parle donc le modeste et miséricordieux Mosset, lorsqu’il ne monte pas son Harley Davidson sur les routes californiennes, avec toujours cette constante volonté de «désacraliser», «d’interroger cet interstice entre ce qui est et ce qui n’est pas», d’interroger aussi la peinture sans relâche depuis 40 ans à travers ses gigantesques monochromes connus dans le monde entier «qui sont, dit-il, de la peinture, puisqu’ils sont effectivement le résultat d’un Travail de peinture». |
La chronique n° 37 de Nicole Esterolle
texte que vous pouvez trouver aussi sur le site : www.schtroumpf-emergent.com
, sur Mic Mag, le magazine des médias libres : www.micmag.net/es/voz-libre , sur www.actuartlyon.com
Champagne à gogos… et art contemporain
Je vous ai placé en pièce jointe l’image de la dernière de couverture du numéro du Figaro Magazine daté du 30 11 12. Il s’agit d’une publicité pour une célèbre marque de breuvage d’effervescent où l’on distingue, en arrière plan, un bas –relief de 2007 de Daniel Buren , « travail in-situ », intitulé « Ecrire la craie ». L’artiste a fait pour l’occasion creuser ses célèbres bandes verticales dans la paroi même de la cave, pour une œuvre qui doit défier l’éternité, parce qu’elle possède, selon l’artiste, tout comme les gravures rupestres des grottes de Lascaux, valeur de message à destination des générations futures …
Ainsi donc, après avoir dessiné des carrés de soie pour Hermès, conçu une ligne de tasses à café pour tel fameux porcelainier, fait des petits carreaux pour le nouveau design des sacs Vuitton, notre anartiste des années 70, rêve-il aujourd’hui d’éternité en plaçant sa force de subversivité dans un art pariétal au service d’une prestigieuse marque de pétillant.
Ainsi donc , notre vieux band’art, an’art et maoiste, fait-il opportunément dans le produit pour richissimes, chinois, russes et autres, à un moment où les valeurs boursières des entreprises du luxe flambent comme jamais, et où les ventes du business art international battent des records… Comme cela se passe toujours quand la récession et la misère s’installent et que l’on assiste à l’appauvrissement de tout le monde y compris de la majorité des artistes.
Ainsi donc, notre « outilleur visuel » national, non content d’avoir amassé des montagnes d’argent public comme prestataire de « visibilisation » auprès du dispositif culturel d’Etat, ramasse aussi de l’argent de la même façon avec de grandes entreprises capitalistiques
Ainsi donc, ce produit de pur in-situ de la gauche – caviar- Mitterrand-Mollard-Lang – culture - paillettes et plumes dans la raie verticale, ne répugne-t-il pas non plus à œuvrer toujours in situ avec la droite Champagne – Rolleix - Fouquet’s – Figaro - Sarko et Carla chansonnette …
Mais ce qui ne manque pas d’être extrêmement émouvant, dans cette rencontre fortuite de la bouteille de bulleux avec la raie buréneuse dans un caveau de maturation vineuse, c’est que nous avons là, la preuve tangible de cette vertueuse collusion qui existe de nos jours entre l’appareil institutionnel, dont Buren est le produit emblématique, et la grande finance dont la bulle de Champagne est le symbole d’autant plus festif, exultant et triomphant, qu’il se place sur fond de désenchantement social généralisé
Si je possédais son adresse mail directe, j’enverrais bien cette chronique à notre pétillant Jean-Luc Mélenchon, avec le document joint pour le soumettre à sa bouillonnante sagacité politique, lui qui a pris en mains un parti qui a toujours benoitement pensé que la culture de classe devait aussi profiter aux masses laborieuses et qui n’a jamais imaginé que l’esthétique cynique des dominants puisse être un moyen parmi d’autres de mieux endoctriner, assujétir et exploiter les dominés.
Je l’enverrais aussi aux représentants du parti écologiste vert et décroissant, en essayant de leur expliquer que Buren, c’est un peu comme le Round-up de Monsanto, ça nettoie radicalement le champ de l’art de toutes les floraisons sensibles, imaginatives, poétiques, ancrées dans une personne, un vécu, un lieu, un terroir, une culture…libres en quelque sorte et donc non conformes à la norme fixée par les multinationales du business-art .
NB : L’abus de Buren, comme d’alcool, est dangereux pour la santé. A consommez avec modération : d’où la brièveté de cette chronique….Mais, pour compenser cela, je vous ajoute une image d’une peinture sympathique intitulée « Monsanto, mon amour », que j’ai découverte sur le magazine Artension et qui a été réalisée par Tof Vanmarque, jeune artiste vivant et travaillant sur une petite ile au large d’Ouessant, parmi les troupeaux de moutons